lundi 27 novembre 2017

Le récit du mois, par Camille Folliot



Dans la famille Folliot, on avait pour habitude de se retrouver tous dans la maison de mes grands-parents maternels pour Noël. Ce Noël-ci, celui de mes 12 ans, était très spécial. En effet, mon arrière grand-mère était morte dans son sommeil.

Toute la famille était en deuil le jour de Noël, ça faisait tout drôle, mais en même temps je les comprenais. Andréane, mon arrière grand-mère, était quelqu'un de formidable, vraiment formidable. Elle était généreuse, gentille, drôle et avait un grand cœur. Elle n'avait pas voulu d'enterrement, je la reconnaissais bien là. A chaque fois qu’on lui parlait de cérémonie ou de fête, elle nous riait au nez. Sans doute était-elle mal à l'aise lors de ces événements «mondains», comme aimait les appeler Mémé.
Elle était vraiment spéciale, et est morte d'une façon si quelconque que ça me peine pour elle. Elle qui aimait être le «centre du monde». Elle qui aimait parler de tout et de rien avec tout le monde, pour, disait-elle, passer le temps. Elle qui aimait les robes à frou-frou, les bijoux «bling-bling», le maquillage à paillettes et les barrettes à fleurs. Je la vois encore dans mes souvenirs avec sa chevelure couleur feu, sa peau blanche telle du marbre et ses yeux bleus d'une douceur exquise.

La mort de mémé m'a appris quelque chose. Le temps n'est ni extensible, ni rétractable. Le temps ne se contrôle pas. S'il décide que tu as assez vécu, personne ne peut changer cela et tu dois faire en sorte de mourir dignement plutôt que mourir dans le déshonneur où ta fierté et ton honneur se sont fait la malle. Quand tu es comme moi, jeune, sensible, innocente, sans expérience dans la vie (enfin pas beaucoup) et que d'un seul coup tu te retrouves confrontée à la mort d'un proche, tu te dis : « Mémé est morte, et si demain ça arrivait à Maman, à Papa, à ma meilleure amie ou même à moi ? Vite, je ne peux pas me permettre de rater encore un moment avec eux. Je veux avoir les meilleures expériences avec eux, je veux avoir les plus beaux, les plus fantastiques, les meilleurs moments de toute me vie avec eux.».
Le temps n'est peut-être pas extensible mais le sentiment d'impuissance face à la mort dure toute la vie. Tu ne t'en débarrasses que quand tu pars dans l'au delà, dans un sommeil sans fin, comme celui de «La Belle au bois dormant», mais cette fois-ci le prince est mort dans le piège de la méchante Maléfique.

Je vais peut-être répéter mes propos mais j'aurais voulu avoir plus de temps avec ma Mémé. Elle était très importante pour moi. Je ne me ferai plus jamais avoir maintenant, j'ai compris la leçon et le manège de la mort. Toute ma vie, je ne raterai plus une occasion de rester avec ma famille, mes amies ou même mes animaux de compagnie. La vie est très courte, il faut profiter de chaque moment présent, qu'il soit joyeux, triste, bon ou médiocre, ça on s'en fiche, tant que vous êtes en vie.

La mort, elle, n'attend pas et emporte tout sur son passage. Que ce soit un animal, une personne quelconque, un président, un Roi, un prince, un bébé, elle ramasse les vies avec sa faulx d'un noir éclatant et les emmène au paradis ou en enfer. Mémé, elle, est au paradis. Même si elle ne croyait pas à ces histoires, lorsqu'elle est montée au ciel, les portes du paradis l'attendaient, grandes ouvertes.


Camille FOLLIOT (3A)

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